jeudi 24 mai 2007

Des réactions à la suppression des cars TER sur Digne






Ca bouge sur Digne, il y a des gens qui réagissent à la suppression des navettes TER entre Digne et St. Auban. Voici le dossier envoyé par Patricia BODIN et François SUEUR....


















Voici donc ci-dessous le courrier en 4 pages qu'ils ont envoyés aux élus :






dimanche 20 mai 2007

Lettre de la LDH des Mées

Salut à tous, un message de daniel ce jour qui m'informe que la Ligue des Droits de l'Homme des Mées a réagi à la modification du plan de transport de décembre 2006. Elle a largement interpelé tous les politiques et n'a pas eu à ce jour de réponse. Quel scandale!!!!

Juste avant les législatives, il est urgent d'interpeler les candidats et de leur demander à quoi ils s'engagent concrètement sur les transports en commun....

Ligue des Droits de l'Homme
Section des Alpes de Haute- Provence
BP1
04190 – LES MÉES

ldh04@ldh-france.org



QUAND UN RÉAMÉNAGEMENT DE TRANSPORT ÉCLAIRE NOTRE DÉMOCRATIE

La section LDH04 tient à exprimer sa surprise et son indignation concernant les nouvelles dessertes et nouveaux horaires LER du département des Alpes-de-Haute-Provence, mis en place par le Conseil Régional.
Concrètement, que constate-t-on ?

Une absence totale d’information et de consultation. Le 10 décembre 2006, en sus des nouveaux horaires annoncés, les usagers étonnés ont découvert un nouveau plan des transports, comprenant notamment la suppression des cars SNCF Digne-St Auban (21km) qui rejoignent au plus court la ligne ferroviaire Marseille-Briançon et qu’empruntent, principalement, les jeunes dignois qui doivent poursuivre leurs études à Aix ou Marseille. Maintenant, les correspondances se font par transporteurs privés via Manosque et Sisteron.
On peut donc s’interroger sur le non -maintien d’un service public de transport alors qu’il est conforme à l’intérêt général, en rendant plus difficile et plus coûteux le service rendu aux plus pauvres et à ceux qui ne peuvent disposer d’un véhicule particulier (handicapés, étudiants, personnes âgées, faibles revenus, etc.).
Cette nouvelle organisation des transports, aggravant les inégalités, est l’occasion d’un accroissement de la dévolution des missions de services publics à des sociétés privées avec ses conséquences inéluctables : coût accru (refus de certaines cartes de réduction), inégalités (tarifs différents suivant les compagnies), augmentation de la durée des voyages (jusqu’à 4 heures Marseille-Digne), suppression de correspondances, allongement des délais d’attente, etc. Ce dispositif a pour résultat l’intensification de l’usage de la voiture (120 km par week-end et par famille), donc émission de gaz, entre autres. C’est une stupidité environnementale qui entraîne, de fait, plus de pollutions.

Tout cela ne peut en rien contribuer au désenclavement de la vallée de Digne, ville préfectorale et de son arrière- pays, Curieuse conception de l’aménagement du territoire ! Le projet de réouverture de la ligne ferroviaire St Auban-Digne, pourtant inscrit au contrat de plan et prolongement évident du PDU de Digne, semble enterré.
N’anticipe-t-on pas une délocalisation démographique vers le sud du département et la vallée de la Durance ? Une déprise des services publics des arrière-pays, le délaissement des populations excentrées et la délégation de la responsabilité écologique aux initiatives privées et individuelles ? Toutes choses prévues dans les études concernant l’impact du projet ITER.
Pour le coup, l’idée d’une autoroute jusqu’à Digne, budgétairement absurde et écologiquement inepte, reprend des couleurs. Pour peu que les collectivités locales (donc les contribuables) veuillent bien mettre la main au porte-monnaie.
Les choix qui ont été faits par cette nouvelle organisation des transports au niveau régional, planifient-ils la fermeture des gares de Digne et de Saint-Auban (cette dernière étant liée à l’usine ARKÉMA)
On voit où nous mène, si nous l’acceptons, le « pilotage technique » des décisions en guise de démocratie.
Toutes ces questions, tous ces choix ne sont pas purement techniques mais éminemment politiques. Ils doivent être délibérés et tranchés par les citoyens puisqu’ils impliquent des orientations de société qui peuvent être contradictoires.. Mais tout se passe comme si on acceptait une démocratie sans les citoyens. Comme si le citoyen n’était plus qu’un électeur appelé à déléguer périodiquement tout pouvoir. Comme si les élus n’estimaient n’avoir aucun compte à rendre jusqu’au prochain scrutin. Ce type de « management », qui considère que la gestion des affaires publiques est une chose trop sérieuse et trop complexe pour la laisser aux citoyens, est symptomatique d’une « gouvernance » gestionnaire qui administre les décisions politiques comme des problèmes techniques, donc à régler par des gens « compétents ». Sous-entendu : les usagers, les citoyens en général, ne sont pas compétents. Mieux vaut, pour le bien de tous, déléguer ces choses trop compliquées à des gens qualifiés : les élus, qui ont la légitimité élective pour professionnaliser leur « métier », et les experts qui ont le savoir technologique et commercial.

Il ne s’agit pas de« démocratie participative », ni de « démocratie représentative », puisque les élus oublient qu’ils sont mandatés, qu’ils sont élus sur un programme (théoriquement) pour représenter les citoyens et non pour ne représenter qu’eux-mêmes et leurs idées, c’est-à-dire remplacer le peuple.
Nous sommes en présence d’un système oligarchique. La majorité des « décideurs », de droite comme de gauche, sont issus des mêmes grandes écoles d’administration, de commerce et de technologie industrielle. Quant à l’immense majorité des moyens d’information et de communication, ils appartiennent aux grandes entreprises côtées en bourse.

Dans cette situation, les termes de démocratie et de citoyen sont vidés de tout sens. Les élus n’oeuvrent en rien pour le bien commun. Ils ne représentent qu’eux-mêmes et gèrent la société industrielle de gaspillage planétaire. En lieu de bien commun on nous propose le bonheur consumériste et nous l’acceptons avec l’idée d’un progrès sans bornes de la production et de la consommation, et, au nom de la « sécurité des biens et des personnes », la gestion des flux marchands et humains par un contrôle planétaire et l’état d’urgence permanent (fichage, surveillance, guerres préventives,…)

Parler de démocratie représentative est donc une imposture comme nous le dénoncions déjà à propos du « vrai-faux » débat public sur le projet ITER et d’un projet d’installation de système biomètrique au lycée David-Neel de Digne.La « démocratie participative », avec ses débats octroyés, tronqués, cadrés, sans enjeux réels, consultatifs…est-elle autre chose qu’une tentative pathétique « d’améliorer l’acceptabilité » des décisions et l’imposition d’un type de société, d’un système soi-disant démocratique auquel presque plus personne ne croit ? La démocratie participative peut-elle être autre chose, elle aussi , qu’un simulacre où le citoyen accepte de n’être plus qu’un consommateur-électeur ?

Au niveau local comme au niveau global, depuis des années, nous nous sommes laissés engager dans un régime « démocratiquement totalitaire » :

Il n’existerait aucune alternative à la société technologique industrielle marchande,
Le monde serait maintenant trop complexe à comprendre et à gouverner pour le commun des mortels que nous sommes.

Sans véritables enjeux électoraux, la souveraineté populaire et la République sont-elles autre chose qu’une fiction entretenue ?
Au nom du progrès, de la santé, du bonheur et de la sécurité, nous intégrons un totalitarisme « soft » où la démocratie pourrait se réduire au droit de vote et le citoyen à l’électeur, ce qui nécessite bien sûr un conditionnement médiatique et un contrôle social omniprésents.

Alors, pour qui ; pourquoi ; et comment allons-nous décider de répondre à l’injonction qui nous est faite : « Aux urnes citoyens ! ». Dans cette configuration on peut concevoir que voter n’apparaisse pas comme une nécessité pour tous et que l’abstention soit vécue par certains comme un devoir de conscience démocratique. Il est clair en tout cas que voter ou ne pas voter ne peut suffire pour espérer établir un jour peut-être la démocratie ou quelque chose qui lui ressemblerait. Il est tout aussi clair que les affaires publiques sont une chose trop importante pour la laisser aux élus et aux experts.

La démocratie est bien plus que le droit de voter. Il est plus que temps de revendiquer la citoyenneté pleine et entière pour tous.